JE SUIS FUMEUR, PUIS-JE AVOIR RECOURS À LA CHIRURGIE PLASTIQUE?
Le 12 février 2021
Nous savons tous que fumer est mauvais. En tant que chirurgiens plasticiens, la plupart d'entre nous conseillent régulièrement à leurs patients d'arrêter de fumer. Cependant, j'ai constaté que de nombreux patients qui me consultent ne comprennent pas pourquoi je refuserais de pratiquer une intervention chirurgicale s'ils n'arrêtent pas de fumer avant et après l'opération.
Les patients qui fument et qui ont subi une opération de chirurgie plastique ont un risque plus élevé de complications pendant et après l'opération. Le tabagisme a un effet diffus et multifactoriel sur l'organisme. À long terme, la consommation de tabac a un effet inévitable sur la guérison et la réparation ou la régénération des tissus. Ces effets néfastes sur la peau, sont la source de complications pendant et après l'opération.
Les opérations de chirurgie plastique sont uniques. La plupart d'entre elles sont facultatives et réalisées pour améliorer la qualité de vie du patient. Par exemple, la chirurgie de réduction mammaire contribuera à améliorer les symptômes de douleurs dorsales ou cervicales du patient; cependant, aucune de ces procédures ne prolonge ou ne sauve la vie du patient comme c'est le cas de nombreuses procédures chirurgicales générales. En raison de cette différence, les patients et les médecins ont une faible tolérance aux complications et ont des attentes élevées. En tant que chirurgiens plasticiens, nous pouvons choisir de ne pas opérer des patients à haut risque parce que toute complication chirurgicale finira par détériorer la qualité de vie du patient plutôt que de l'améliorer.
Ce problème se pose surtout en chirurgie plastique, qui est une spécialité où les résultats esthétiques et fonctionnels sont la base du succès. Pour minimiser le risque, l'arrêt du tabac est une condition nécessaire avant une intervention.
Effets nocifs du tabagisme sur la cicatrisation des plaies
La fumée de cigarette est constituée d'un mélange d'environ 4000 substances toxiques. Les effets nocifs sur la cicatrisation des plaies sont principalement causés par quatre des substances suivantes : la nicotine, le monoxyde de carbone (CO), l'acide cyanhydrique (HCN) et l'oxyde d'azote (NO). Elles agissent de manière systémique au niveau de la peau. Avec chaque cigarette, environ 2 à 3 mg de nicotine et 20 à 30 ml de CO sont inhalés. D'autres substances ont un rôle secondaire mais indéniable; par exemple, le goudron joue un rôle dans le développement du cancer du poumon.
Des études nous apprennent que les fumeurs présentent des taux de complication importants après de nombreuses interventions de chirurgie plastique. Des études ont montré que les fumeurs ont 13 fois plus de risques de présenter une nécrose cutanée après un lifting; de même, l'incidence de la nécrose cutanée et de la nécrose du nombril chez les fumeurs lors d'une abdominoplastie est de 28 %.
Comment cette situation se manifeste-t-elle cliniquement chez nos patients? Par exemple, j'ai rencontré des greffes de peau ou des pertes de mamelon chez des patientes fumeuses ayant subi une réduction mammaire. J'ai également vu des nécroses cutanées chez des patientes de plastie abdominale, où la cicatrisation était retardée. Toutes ces complications sont difficiles pour le patient et le chirurgien, c'est pourquoi la plupart des chirurgiens plasticiens demandent au patient d'arrêter de fumer avant l'opération.
Combien de temps dois-je arrêter de fumer avant l'opération ?
La question suivante que posent mes patients est la suivante : "Combien de temps dois-je arrêter de fumer avant l'opération ?" Malheureusement, il n'y a pas de bonne réponse à cette question. La plupart des chirurgiens plasticiens exigent une période sans tabac ni nicotine de 4 semaines avant l'opération et d'un minimum de 4 semaines après l'opération. Certaines données indiquent que cette fourchette n'est pas suffisante pour contrecarrer les effets indésirables de ces produits, en particulier chez les fumeurs de longue date et les gros fumeurs.
Cigarette électronique avant une intervention chirurgicale:
Dois-je aussi arrêter de fumer ?
Une cigarette électronique est un dispositif qui permet de délivrer de la vapeur sans autres produits toxiques liés à la combustion, comme dans une cigarette classique. La solution de nicotine et de propylène glycol est inhalée. Si la cigarette électronique entraîne des concentrations de nicotine dans le sang plus faibles que dans une cigarette classique, le pic plasmatique est atteint à la même vitesse et crée un facteur de dépendance. Cependant, en ce qui concerne son innocuité relative, les méfaits à long terme ne sont pas encore connus. En l'absence de données actualisées fiables et pertinentes, l'organisation mondiale de la santé ne recommande pas leur utilisation.
En guise de conclusion
Le tabagisme reste un problème de santé publique, surtout dans le cas d'une intervention chirurgicale. Comme je l'ai déjà dit, en tant que médecins, la plupart d'entre nous doivent conseiller à leurs patients d'arrêter de fumer. Le but de mon billet d'aujourd'hui est de rappeler les conséquences négatives du tabagisme et de la consommation de nicotine en chirurgie plastique. Il existe de nombreuses options de traitement pour arrêter de fumer. Les efforts conjoints du chirurgien plastique et du médecin traitant sont nécessaires pour atteindre cet objectif.Néanmoins, les femmes et les hommes qui envisagent une chirurgie plastique devraient y réfléchir à deux fois et arrêter de fumer avant l'intervention.
Cathegorie : Lifting du visage Plastie abdominale